9Lives: FOTODOK : BLURRING THE LINES

Dans le cadre de la 5e édition du programme international Blurring the lines, 21 diplômés offrent un panorama de la jeune création photographique néerlandaise. Au-delà des formes classiques, tous cherchent à explorer les potentialités techniques du médium et à repenser ses dispositifs de présentation.
Avec Eline Benjaminsen (KABK), Marina Caneve (KABK), Sterre Fenna van der Waals (WdKA), Anna Kieblesz (KABK), GilleamTrapenberg (KABK), Chaïm Dijkstra (HKU), Debbie Schoone (AKV|St. Joost), Frijke Coumans (AKV|St. Joost), Naomi Jansen, (WdKA), Viktor Naumovski (KABK), Fleur Jakobs (AKV|St.Joost), Isa de Jong (AKV|St. Joost), Frédérique Scholtes (HKU), Jonna Bruinsma (HKU), Boris Lutters (HKU), Tibor Dieters (KABK), Julia Gat (WdKA), Silvy Crespo (KABK), Zoë Sluijs (AKV|St. Joost), Lisbeth Luft (WdKA), et Daan Russchier (HKU).

FOTODOK
SPACE TO SEE, THINK AND LEARN
Fondé en 2008 à Utrecht (Pays-Bas), FOTODOK est un espace d’exposition et de formation dédié à la photographie documentaire.
fotodok.org

BLURRING THE LINES
Blurring the Lines est un programme dédié à la jeune création photographique développé par FOTODOK en partenariat avec Paris College of Art (FR) et Urbanautica Institute (IT). Chaque année, un jury sélectionne les contributions des cinq meilleurs diplômés d’académies internationales, qui feront ensuite l’objet d’une publication, d’une exposition et d’un cycle de conférences.

Commissaire Jenny Smets

Feature x This Pandemic Thing: "Siblings" short-film 2020

Julia Gat
Lydia Rump

Mars, Snickers and then Twix...
August 10, 2020

Julia:


I was wondering when we would all be together again. It has become so rare for all of us to be home at once, for more than a few days. Yet suddenly, out of nowhere, we are all here: 5 siblings, 2 parents, 7 cats and a dog. It felt like a time traveling tunnel, bringing us ten years back. The old jokes, habits of interaction and group dynamics felt familiar and reassuring—a family recharging its batteries.

My camera was redirected at my four younger siblings: Nina (20), Michael (18), Jonathan (15), and Sara (13), who used to be my primary models when I was starting out with photography. For as long as I can remember, I would observe and document our daily banalities. And once again, during lockdown: from mid-March till mid-May, we only went out for groceries, jogging and walking our dog Ringo.

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The sibling group bubble not only came back, but became our main occupation. We opened up the archive and looked at stills and videos we’ve made in the past years. As children, we used to film each other as a form of game–we would pretend to be journalists on news shows, sellers making ads for random products or musicians in music videos.

We grew up with an informal learning philosophy, as opposed to the traditional school system. My siblings have been my primary subjects in terms of human interaction, especially during those in-between moments of daily life. The conversation about the candy bars came up at the beginning of the lockdown. We had just finished a marathon of Tarantino films and the opening scene of Reservoir Dogs got stuck in my head—a group of characters, sitting around a table, talking about insignificant topics. I liked this indirect way of unfolding personalities and, subsequently, based my new short film around it.

Parallel to my interest in group dynamics, I have also been working on a visual research about androgyny and its complex interrelationship between gender and sexuality, something that often arises throughout adolescence. While gender and sexual expression are commonly explored in today’s art and media fields, this project aims to shed light on the visual aspect of the androgynous look, where it is possible to mix masculine and feminine attributes. With Lydia’s input and using her costumes, it became a visual examination celebrating the positive abstraction and freedom of genderless expression.

 

Lydia:


I met Julia when she was a young girl. I watched her grow up and mature as a photographer. Through unschooling her parents encouraged all of their children to explore the world, develop their curiosity and potential. It’s always a great pleasure when our two families get together. We share the same outlook on life.

I was working on my collection of dresses when Julia told me she was looking for some outfits for her short film. I have wanted to create a universal collection for a while. I work with monochromatic shades of white. For me, this is symbolic of a blank page—the beginning. This pure surface allows me to add some patterns and colors: stitches of black thread, sewn by hand or some embroidered black lines. I developed a palette of materials and techniques: patchwork, fringes, knitting, and embroidery.

I have known these kids for a long time. In their choice of outfits, each sibling reveals his or her personality.

The outfit with fringes is a mix of a short dress with textile pieces. It was put together by Nina herself. She saw herself as a bird-woman. The one worn by Michael is a short dress with long sleeves; the cuffs are knitted. He wears it like a sweatshirt. His style is cool and hip and he gives it a genderless vibe. Another ensemble is a combination of two patchworks which Jonathan drapes over his shoulders. On his face he wears a mask—a piece I created during the lockdown. He looks like a modern-day warrior. The white dress with lines embroidered in black beads is worn by Sara. I wonder if she chose this pattern to match her dog?

portfolio x médiapart: "L’éducation sans école" 2020

Depuis 2010, Julia Gat, âgée alors de 13 ans, photographie le quotidien de ses frères et sœurs, qui ne sont pas scolarisés et qui, comme elle auparavant, suivent des cours et des activités choisis par rapport à leurs propres centres d’intérêt. Elle a élargi ensuite son propos aux enfants d’autres familles éduqués de même en France, en Israël, puis aux Pays-Bas. Ce travail, nommé Unbringing, empli de couleurs et d’énergie, illustre une certaine idée de la liberté de l’enfance et a convaincu le jury du prix Isem (ImageSingulières, ETPA, Mediapart) pour la photographie documentaire, qui lui a accordé le prix Jeune 2020 (pour les autres prix décernés, lire ici).

« Upbringing (2010-2020) est une série photographique documentant l’enfance épanouie. Des jeunes, en plein jeu ou en voyage, animent ces corps libres, débordants d’énergie. Leurs dynamiques de groupe, à la limite de la chorégraphie, me servent comme terrain de recherche visuelle sur la relation de l’individu à son environnement, écrit Julia Gat en guise de présentation de son travail. Les contrastes et couleurs vives reflètent la pureté de leur quotidien, une certaine fraîcheur. »

« La particularité de ces enfants repose sur leurs environnements éducatifs : des modèles alternatifs. […] Une sensation de liberté et de curiosité ludique stimule le développement, le changement, l’apprentissage. Upbringing va au-delà de la documentation traditionnelle pour représenter l’enfance d’une manière inédite : il permet ainsi de questionner notre perception du processus éducatif, surtout lorsque l’apprentissage se retrouve dans tous les aspects de la vie. Au fil des années, le projet développe une volonté de mettre en lumière la multiplicité des formes éducatives, dans ce monde en transition. »

[…]

« Upbringing est une invitation ouverte à jeter un regard actif sur le monde autour de nous, une contemplation de ces moments d’entre-deux qui composent notre quotidien. En contribuant à la discussion sur la photographie comme catalyseur de changement positif, Upbringing célèbre la recherche d’innovation dans l’éducation, la possibilité d’une enfance plus libre. »

FishEye: Les images de la semaine du 25.05.20 au 31.05.20

Retour en images sur cette semaine. Vincent Curutchet a déambulé dans les rues désertes de la capitale française en plein confinement, pour capturer un Paris transfiguré. Avec Les Mois Noirs, Stéphane Lavoué signe un portrait sombre et poétique de la Bretagne, sa terre d’adoption. Inspirée par sa propre enfance, Anne-Charlotte Moulard capture, dans Le sentiment absent, une ville de bord de mer vide et minimaliste. Enfin, Fisheye lance sa gamme de masques de protection ! Rendez-vous sur notre boutique en ligne pour vous les procurer. Chaque image raconte une histoire, il faut cliquer sur les légendes pour les découvrir.

LOU TSATSAS

Fisheye Magazine: lauréats des Prix ISEM 2020

Christian Lutz et Julia Gat, lauréats des Prix ISEM 2020

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Les Prix ISEM, consacrés à la photographie documentaire, ont récompensé cette année deux lauréats : Christian Lutz et Julia Gat. Deux auteurs développant des visions aussi dissemblables que nécessaires.

Depuis trois ans, ImageSingulières, l’ETPA et Mediapart s’associent pour décerner deux prix photographiques, destinés à accompagner des auteurs dans la réalisation d’un projet sur lequel ils travaillent depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Lors de cette édition, près de 220 candidats ont présenté au jury leurs travaux. Christian Lutz, photographe suisse a remporté le Grand Prix ISEM, ainsi qu’une dotation de 8000 euros pour poursuivre Citizens. Le Prix Jeune Photographe ISEM – dédié aux moins de 26 ans – a quant à lui été attribué à l’auteure d’origine israélienne Julia Gat, qui reçoit 2000 euros pour développer son travail sur les enseignements alternatifs.

De l’extrémisme à l’insouciance

Explorant différentes formes d’écritures photographiques, les lauréats s’intéressent tous deux aux enjeux sociétaux. Dans Citizens, Christian Lutz documente les mouvements populistes en Europe. « Leurs arguments nous renvoient à nos frontières physiques et symboliques, préparent le terrain de la guerre sociale, des phobies, des asphyxies de la pensée, et du lien humain », déclare le photographe. Après la Hongrie, le Royaume-Uni, la France, la Pologne, l’Autriche, l’Allemagne et la Suisse, ce dernier entend développer son projet en Italie, Espagne, Grèce, Serbie et Slovaquie. Un panorama glaçant des villes européennes dont « les municipalités sont entre les mains de partis populistes de droite, glissant pour certains vers le fascisme », précise-t-il.

Passionnée par le monde enfantin, Julia Gat s’intéresse quant à elle aux jeunes qui suivent un enseignement alternatif, sans école obligatoire. Une éducation qui lui est familière. « Lorsque j’étais petite, j’ai pratiqué la non-scolarisation. J’ai eu accès à un système personnalisé, préconisant des cours et des activités choisis par rapport à mes centres d’intérêt », confie-t-elle. Entre spontanéité et mise en scène, elle signe un portrait frais et coloré d’une enfance libérée. De l’extrémisme à l’insouciance, à travers cette nouvelle édition, les Prix ISEM réaffirment leur volonté d’encourager la diversité remarquable de la photographie documentaire.

9Lives: Les noms des lauréat·es du Prix ISEM de la photographie documentaire dévoilés

Bien que l’édition 2020 du festival ImageSingulières n’ait pu avoir lieu ce mois de mai – face à la crise sanitaire – les organisateurs ont souhaité maintenir le Prix ISEM. Visant à soutenir deux photographes travaillant dans le documentaire, ce prix récompense cette année Christian Lutz pour le Grand Prix ISEM 2020 doté de 8000€ et Julia Gat, Prix Jeune Photographe 2020 d’un montant de 2000€.

Le Grand Prix ISEM 2020 vient d’être attribué au photographe suisse Christian Lutzpour son projet « Citizens ». Ce travail documente les mouvements populistes en Europe, dont les « arguments nous renvoient à nos frontières physiques et symboliques ; préparent le terrain de la guerre sociale, des phobies, des asphyxies de la pensée et du lien humain », écrit le photographe qui s’est déjà rendu depuis plusieurs années en Hongrie, au Royaume-Uni, en France, en Pologne, en Autriche, en Allemagne et en Suisse, « sur des lieux (des villes) dont les municipalités sont entre les mains de partis populistes de droite glissant pour certains vers le fascisme ». Grâce au prix d’un montant de 8000€, le photographe va continuer son périple en Italie, Espagne, Grèce, Serbie et en Slovaquie. Ce travail sera exposé en 2021 au festival photographique de Sète, ImageSingulières.
http://www.christianlutz.org/

Les projets de quatre autres photographes ont également retenu l’attention du jury pour ce Grand Prix :
Brigitte Grignet (Belgique), avec un travail sur la Pologne à l’heure du parti ultraconservateur, le PIS
– Cristóbal Olivares (Chili) sur les violences exercées à l’encontre des Mapuches au Chili, violences autant psychologiques que policières ;
Alessandro Penso (Italie) sur les camps de réfugiés du centre de l’Europe, notamment traversés par l’épidémie du coronavirus ;
Mélanie Wenger (France) qui raconte l’industrie de la chasse aux animaux d’Afrique aux États-Unis à travers l’histoire d’une famille de ranchers texans.

Le Prix Jeune Photographe qui récompense un·e jeune photographe résidant en France, de moins de 26 ans, a été remis cette année l’a photographe israélienne vivant à Marseille, Julia Gat avec sa série Upbringing. La série primée documente l’enfance épanouie : des jeunes, en plein jeu ou en voyage, animent ces corps libres, débordants d’énergie. Leurs dynamiques de groupe, à la limite de la chorégraphie, me servent comme terrain de recherche visuelle sur la relation de l’individu à son environnement. Les contrastes et couleurs vives reflètent la pureté de leur quotidien, une certaine fraîcheur. La particularité de ces enfants repose sur leurs environnements éducatifs : des modèles alternatifs.

Depuis 2010, je photographie le quotidien de mes frères et soeurs qui sont non-scolarisés : grandissant dans une structure personnalisée, nous avons suivies des cours et des activités choisis par rapport à nos propres centres d’intérêt. En 2014, j’élargi ma pratique et documente la communauté des familles non-scolarisées en France et en Israël.Une sensation de liberté et de curiosité ludique stimule le développement, le changement, l’apprentissage. Upbringing va au-delà de la documentation traditionnelle pour représenter l’enfance d’une manière inédite : il permet ainsi de questionner notre perception du processus éducatif, surtout lorsque l’apprentissage se retrouve dans tous les aspects de la vie. Au fil des années, le projet développe une volonté de mettre en lumière la multiplicité des formes éducatives, dans ce monde en transition. La série continue donc en 2018, au sein de l’école Montessori De Korg à Rotterdam, avec le souhait de s’ouvrir à d’autres structures alternatives dans le futur.
Upbringing est une invitation ouverte à jeter un regard actif sur le monde autour de nous, une contemplation de ces moments d’entre-deux qui composent notre quotidien. En contribuant à la discussion sur la photographie comme catalyseur de changement positif, Upbringing célèbre la recherche d’innovation dans l’éducation, la possibilité d’une enfance plus libre.

Deux autres travaux ont aussi particulièrement retenu l’attention du jury :
Benoît Durand, sur les ravages du chlordécone, un pesticide organochloré toxique, aux Antilles
Lauren Pearso sur un groupe de militant.e.s anarchistes, féministes, anticapitalistes vivant de squatt et d’actions sociales.

Les Prix ISEM de la photographie documentaire sont attribués chaque année par le festival ImageSingulières, l’ETPA et Médiapart.

http://prixisem.imagesingulieres.com/laureats.php

Ericka wiedmann

The ISEM Young Documentary Photographer Prize 2020

Le Prix Jeune Photographe, qui offre 2000 euros à un ou une photographe de moins de 26 ans, résidant sur le sol français, a été attribué à Julia Gat. Son travail, empli de couleurs et d'énergie sur des jeunes qui suivent un enseignement alternatif sans école obligatoire, illustre une certaine idée de la liberté de l’enfance. 


Images Singulières, l'ETPA et Mediapart s'associent pour la troisième année consécutive pour soutenir la photographie documentaire. Voici les lauréats.

Lewis Bush est le neuvième lauréat de la résidence BMW

Le britannique Lewis Bush a été choisi parmi huit finalistes pour bénéficier de la bien dotée résidence BMW, avec un ambitieux projet au carrefour de l'image mécanique, des contraintes sociales et de l'innovation. Il succède à Emeric Lhuisset, lauréat 2018 de la résidence. 

Cette année, le jury a reçu 250 dossiers. Les finalistes, photographes « émergents », étaient Delphine Burtin, Lewis Bush, Julia Gat, Sukayana Ghosh, Lucia Khahoutian, Stéphanie Roland, Ioanna Sakellaraki et une des références du photojournalisme italien, Davide Monteleone (avec trois World Press Photo et un prix Oskar Barnak à son actif). Lewis Bush devient ainsi le neuvième lauréat depuis la création de la Résidence BMW en 2011, avec un projet critique du fonctionnement de l’image contemporaine : « Ways of Seeing Algorithmically » met en scène les contradictions actuelles du statut de l’image en proposant une relecture de l’ouvrage de référence de John Berger « Ways of Seeing », constat que la sphère de la représentation est en permanence en surcharge d’informations « obscures », faisant de nos perceptions les conséquences d’un ensemble de normes, « voir dépend d’habitudes et de conventions ». Lewis Bush souhaite actualiser « Ways of Seeing », en l’adaptant au nouveau système visuel d’algorithmes et d’intelligence artificielle.

Le lauréat reçoit de BMW une bourse de 8 000 €, et la production des recherches et des œuvres pendant la Résidence ainsi que les expositions aux Rencontres d’Arles et à Paris Photo. Un livre sera publié aux éditions Trocadéro.

Dominique Georges Bègue